Lecteur

1132.

Ils tiennent à leurs œillères plus qu’à leurs œils – coup de cuillère et hop, deux billes de verre dans le caniveau.

 

Je viens de relire en consultation gratuite sur le site de l’éditeur l’ouverture de Réparer les vivants. Quelle régalade, ces
gros clins bovins de l’œil à l’adresse des lecteurs ébahis !

 

Imaginez votre punition au sortir d’un spot, bing dans le poteau, et l’on vous greffe la cervelle de l’un de ces veaux.

 

Refuseurs universels, exigeons la liste complète de leurs dernières lectures. Ce foie, qu’a-t-il bu ? Cette rate, qu’a-t-elle vomi ?

 

Puis les lecteurs déposa ses cendres dans l’urne qu’on retourna comme un sablier.

1129.

L’idée commune exige que l’écrivain soit attentif à son lecteur, qu’il l’accompagne, lui ouvre son livre, lui en facilite l’accès et le conduise à l’ineffable plaisir de lire. Cette masse qui ouvre ses livres et les retourne, y laisse la marque des doigts, c’est le lecteur, le tiers importun qu’il faut encourager à aller plus loin (lui couper les mains, lui casser le nez, lui enfoncer les yeux dans les oreilles). Le lecteur ainsi défoncé aura tout le loisir de devenir libraire, éditeur, auteur, critique.

Et à nouveau lecteur à fusiller dos contre la quatrième de couverture.

 

1003.

Peu à peu les lecteurs revenaient des vacances les yeux pleins de valises et les poches pleines de sable, la bouche béant déjà sur la table du libraire.

Les lecteurs d’aujourd’hui, retombés en enfance, attendent des premières pages de La Recherche le baiser d’une mère qui traîne dans le couloir ou s’attarde au jardin, vouant le livre et la littérature au temps perdu d’avance. L’expérience du monde envahit tout à l’exception du monde.

Il me semble pourtant, que dans le livre de Kol Osher, Balzac revient ouvrir largement sa braguette dans l’œil du lecteur. – Prends ça !

(Don’t brag!)