Ô Écrivain

112.

Ton orgueil est la carapace qui ne protège que ta douleur.

 

Tu n’es jamais si fort que quand tu pleures, Ô Écrivain.

 

Tes larmes d’enfant.

 

–  Ça va durer longtemps, cette verveine prophétique ? s’impatientait David Marsac devant David Marsac lui-même. L’orgueil est d’abord la vanité du
riche.

 

 

111.

David Marsac resta caché près du temple votif devant lequel il avait déposé son offrande du soir.

 

Quelle fut sa surprise quand s’anima le petit simulacre en plâtre qui te représentait, Ô Écrivain, nul ne pourra le dire à moins d’un bon système de
vidéosurveillance.

 

–  Mais quel lyrisme pour croquer dans les tartines beurrées, Ô Écrivain, se dit David Marsac à court de fruits de la passion (+ de bons mots pour alimenter
son diary).

 

« Jam tomorrow ! »

 

110.

Il est surprenant que les gens puissent s’amuser sans nous, se dit la brosse dans son verre à dents.

 

Le 16 juillet 1942, Jünger admire cinq glaïeuls sur sa table et acquiert une Monographie du thé.

 

Moi, je t’admire, Ô Écrivain, d’être présent aux autres malgré ta position inconfortable – entortillé dans ton cocon de ver à soie.

 

– Un hérisson ? pensa David Marsac, en écoutant les grattements sous l’appentis de sa maison du Mans.

 

Gronch… gronch… gronch…