Ô Écrivain

126.

 

– Il se répète, se dit David Marsac. Ou bien se recopie. Déjà lu ça maintes fois sur ses buvards.

 

Difficile d’être inédit, Ô Écrivain. La plume retrouve l’ornière, le bœuf son établi et toi la vie dans la doublure des plis.

 

– Que fer ? se dit David Marsac, déambulant vers la rivière, corbeille à linge, battoir.

 

Et pan ! pan ! pan ! David Marsac !

Comme la langue maudite

Marche vite au vieux lavoir !

Et pan ! pan ! pan ! vite, vite,

Plus vite que le battoir 

Assomme la tête du critique

[Bis]

117.

Je parcourais les tombes au hasard des allées, bercé par la mélancolie de mes souliers tenaces, cueillant ici une phrase, là un mot, et partout des regrets à même
le granit et le marbre. Le nom soudain d’un écrivain français surgit dans mon esprit, au milieu des liserons, parmi les monuments funèbres et les roses fanées courbées dans de vieux pots.

– Ami ou ennemi, tu es à ma hauteur, moi à la tienne. Et c’est pourquoi je te hais bien, Ô Écrivain.



114.

Autour du simulacre en plâtre voué au culte de ta personne, la troupe de tes admirateurs menaient grande vie, grignotaient tes kumquats, fumaient tes manuscrits et
chatouillaient les muses hilares sur ta descente de lit. 

 

Klonk !cling… greling… greling… grelingKlonk !cling… greling… greling… greling
Klonk !cling… greling… greling… grelingKlonk !cling… greling… greling… greling… David Marsac tapait dans une vieille…
Klonk !cling… greling… greling… grelingKlonk !cling… greling… greling… greling… boîte de conserve…
Klonk !cling… greling… greling… greling… sur laquelle il gravait… Klonk !cling… greling… greling… les pages de son premier roman…
Klonk !cling… greling… greling… Klonk !cling… greling… greling… grelingKlonk !cling… greling… greling…
greling

 

Ô Écrivain !