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David Marsac s’étonne encore du peu d’impact de ses avis sur les lecteurs et la vie littéraire française.

 

– Qui donc est la mesure de toute chose pour mes contemporains ? Ne sont-ils pas comme moi persuadés de la nécessité de réagir à la situation
cataclysmique ? Ne voient-ils pas la montée en puissance d’un consensus réactionnaire attelant à nouveau au timon du roman les bœufs placides de la narration ? Nous faudra-t-il bientôt
organiser sous le même joug un salon du roman et de l’agriculture ? Passer le col à travers le licou ? Beugler ? Avaler le nationalisme avec la narration ?

 

Autour, rien. Chacun rongeait son foin, ruminait dans son aire, ingurgitait sa part du romanesque contemporain. On voyait bien ici et là dans les travées quelques
distraits ou quelques intrépides s’efforcer d’arracher, en étirant le cou, les épis phénomènes d’un romanesque très éloigné de la mangeoire commune –

 

À ces mots, la critique cria haro sur les récalcitrants. Les brindilles avalées lui signalaient des cas pendables : « Brouter hors des circuits ? Quel crime
abominable ! »

 

David Marsac bête de somme avait choisi, en connaissance de cause perdue, de s’endormir avant la fin – de – ces – paroles – de – ses – paroles – échos d’un rêve
sans foin.