Pauvre Baudelaire

1320. Pour une nouvelle poétrique

 

Le livre de Jules Vipaldo est aujourd’hui accessible. C’est une sorte d’empoignade France-Belgique qui doit son titre au pamphlet de Baudelaire et sa matière aux sérieux des poètes contemporains. Tous les noms ne sont pas ciblés, mais toutes les cibles sont nommées. Poète, tu vas grincer des dents ! (Tu sens déjà des pieds.)

Tire au Prigent et verve again !

Je ne l’ai pas assez dit, par discrétion d’abord, prêt à donner aujourd’hui de la voix : Pauvre Baudelaire est un pamphlet vachard contre la poésie contemporaine/ ses poètes surtout. On reconnaît certains vivants très nettement et, plus nettement, les déjà morts vivants.

Les poètes qui ont encore des dents prendront le risque de le lire. Les poètes appareillés ménageront leur denture et devront se résoudre à mourir comme ils ont vécu : idiots et tristement.

(L’œil effaré saute hors de son orbite.)

 

[Extraits bonus]

Extrait Bonus1_Pauvre Baudelaire_Jules Vipaldo

Extrait Bonus2_Pauvre Baudelaire–Jules Vipaldo

1310. Bol d’air, Jules et gym

Roulons les dés et reprenons dans l’ordre.

Le 16 avril a eu lieu la première lecture marseillaise et mondiale du pamphlet poético-belge de Jules Vipaldo, Pauvre Baudelaire. C’était au Lièvre de mars, sous les auspices de Jean-Roch Siebauer, libraire et pataphysicien. Les extraits rencontrèrent frontalement une quinzaine d’auditeurs renversés par la performance. Certains ne s’en remettront pas (du grésillement dans les tympans). D’autres en porteront les zygo-marques longtemps (« comme le niais au milieu de la figure »).

On attendit Jules Vipaldo. Puis on l’attendit moins. Enfin on commença sans lui. Une histoire de lièvre transformé en lapin. Son secrétaire pARTICULier assura galamment la lecture dans l’arène, visage désopilé pour la circonstance.

Voici une preuve floue de la soirée (photographe trop secoué pour mettre au point).

Pauvre Baudelaire au Lièvre de mars

Le lendemain 17 avril, c’est à Martigues qu’eut lieu, à faire pâlir, la lecture à trois voix du livre inscrit la veille au patrimoine de l’hilarité. Conduite sur les chapeaux de roues par Jean-François Szymanski, la librairie L’Alinéa assura le décor : 4 mètres sur 3 de poésie, 12 de sciences humaines + 8 d’histoire, 300 m2 de livres choisis – les éditions Interférences au grand complet, par exemple.

Le bol d’air !

De Vipaldo point de nouvelles. Le trio En roue libre, animé par Laure Ballester, Olivier Domerg et Christophe Roque, donna aux quarante personnes réunies la mesure in-(can)-descente et phonétique de ce texte à multiple foyers (les pompiers sont encore sur place).

Voici un second flou de la soirée (tonsures en prime).

Le Trio lit Pauvre Baudelaire à L'Alinéa

Et pour finir – enfin ! – une mise au point photographique de Brigitte Palaggi sur les enjeux littéraires de la soirée.

 OLYMPUS DIGITAL CAMERA

*

Ensuite, quelques jours à Berlin – de la bière, des vélos et des punks. Et puis retour par la Belgique (Namur et Charleroi).

1301. Flic, Flaque, Floch

Pauvre Baudelaire VipaldoPauvre Baudelaire, disponible à partir du 15 mai, vient d’arriver au Mans, grande tenue, papier, fil et douceur veloutée. Il est très beau. On s’est même offert des rabats (à d’autres les rabais). Le soin apporté au façonnage par l’Imprimerie Floch est sans pareil. Rien du rafistolage des colles et des consciences bidouillé par nos amis les petits Éditons de la farce militante dans les banlieues de l’Europe élargie. Les blancs tournants des couvertures tournent vraiment, les angles sont droits, proportions ajustées. Le pelliculage Soft touch assure au noir intense et bleu des couvertures une profondeur d’un mat étrange que nous songeons déjà à étendre à nos prochains ouvrages. C’est fabuleux. La main rêve au premier contact, l’esprit se dresse. Le livre est ravissement d’une précision égale au texte exorbité de Vipaldo, que je rencontrerai dans deux semaines, pour la première fois, moment quasi nuptial.

Pauvre Baudelaire3Jules Vipaldo

Les éditions Vagabonde, dont j’avais apprécié à Marseille, où elles résident il me semble, un Jules Laforgue imprimé en Scop et en double avec Carmelo Bene, imprime aujourd’hui les Réflexions & Maximes de Vauvenargues, le plus contemporain de nos moralistes, au prix d’un compromis avec la sueur qui fait tourner les machines bulgares. C’est porter haut le goût de la morale, apparemment indispensable à l’affairisme éditorial qui autorise à « voir parfois dans les écrits de ce moraliste sans égal comme les reflets d’une époque monstrueuse : la nôtre. »

Une morale de poivron farci.

J’allais acheter le livre. Je l’ai remis dans son bac à légumes.

Pauvre Baudelaire_Vipaldo