Claro
– Enfin Claro vint. Éclat rOZ dans ma vie, chantait David Marsac, amoureux – ou quasi.
Puis cinquante pages plus loin, 22 euros et quatre-vingt centimes…
Ça partait bien pourtant, une fois passé le préambule, la mise en transe, le petit trot pour l’échauffement. On arrive à la scène d’ouverture, notre hérOZ sur le billard, pages 20 à 30. Air connu, du Claro dans son jus, de la bibine pour connaisseur. Ça fuse, ça danse, du kick boxing en haut-de-forme ! Quelques lenteurs ici ou là mais –
Du ClarOZ plein la vue !
– Ah Claro ! Comme je t’aimais alors, hurlait roux de chagrin, David Marsac sur son vélo sans roue auquel manquait une selle.
Le pire, Claro, c’est que l’OZ à ronger que tu nous sers pour du Claro ressemble à du Claro absent, du sous-Claro proche de zérOZ, du faussaire de soi-même, de l’épouvantail à ClarOZ.
(Ici David Marsac évaluait les chances d’une rixe lors du prochain salon du livre.)
Et puis, dès la page 30. Allo ? Allo ? Claro ? Le service après vente ? Quelle foutrasie patraque, ton bidule enchanté – les polders à côté ont l’air de montagnes russes !
– Tu t’es reconverti à l’homéopathiOZ ?
Quelle impatience aussi de t’embourber dans les marais de la fiction, du récit, raconter-une-histoire, sympathiser avec ton lectorat.
– Tu étais fait pour la voltige, Claro, s’époumonait David Marsac en agitant le volume de Madman Bovary. Fil-de-fériste féerique à deux cents toises dans les nuages, entre Le State Building et La Grande Dame Torchée. Et sans filet !
Dans un roman, je ne lis jamais l’intrique. Les histoires ne m’intéressent pas. J’ai des voisins pour ça.
– Alors, explique ? s’impatientait David Marsac, tête dans le plâtre du mur. Ils t’ont dit quoi chez Actes Sud ?
– Ils t’ont promis la Lune ?
Je te l’aurais donnée, Claro. Elle m’est chaque mois livrée à domicile.
– Alors ? Pour quoi ?
Pour rien ?!… Pour le Gongon ?… Et c’est pour ça qu’à la radio, sur France-Culture, tu étais tout gentil, poli, premier de corvée, « Cinq ans pour écrire mon roman et me documenter, me tenir à Claro » ?
– Ça te plaît France-Culture ?
(Je lui pardonne s’il le décroche, son prix Goncourt. Voyons tout de même ce qui se passe après la page 60, se dit David Marsac, plus impartial qu’intéressé.)