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À la verticale du pire : le caveau.

 

Récemment feuilleté, d’Hélèna Villovitch, L’immobilier, extrait :

 

La moquette est orange. Le rideau est jaune d’or. Le plafond est en pente. Sujet verbe complément. Personne, après avoir gravi sept étages à pieds, ne se lance dans
des phrases interminables. Le lit est incrusté dans une espace de coffrage en bois qu’on appelle un cosy. De l’autre côté de la cour, derrière une fenêtre semblable à la mienne, je peux voir une
fille blonde qui me ressemble. Lorsqu’elle m’aperçoit, elle se cache derrière un rideau rouge. Tous les matins, j’ai une crise d’asthme. Je descends l’escalier en respirant fort, je me traîne
jusqu’à l’école d’arts, je prends un café au distributeur. J’allume une cigarette. Sujet verbe complément. Ça va mieux.

 

Le week-end, je rentre chez mes parents. Dans le train du vendredi, je vois toujours les mêmes têtes. Je reconnais des gens avec qui j’étais au lycée l’année
dernière. Plutôt que de m’asseoir avec eux, je passe deux heures debout dans le couloir à fumer. Lorsque le train marque l’arrêt, je suis la première à descendre. Sur le quai de la gare, j’offre
en spectacle mes cheveux au vent à l’intention des passagers qui continuent leur voyage.

 

 

Pierre Jourde avait déjà signalé le subterfuge qui fait passer pour littéraire de la farine bovine au moyen d’un clin d’œil adressé au lecteur : sujet verbe
compliment. 

 

La traçabilité littéraire conduit aujourd’hui à du hachis chevalin.

 

(Nous reprenons la route des moulins.)