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Chaussées de gros sabots, les approximations du sens parcourent un long chemin sur les voies escarpées de mes sentiers vernis.

 

Ainsi le rêve d’une librairie pourvue de livres exclusivement choisis par des libraires qui auraient reconquis le temps de lire les livres qu’ils recommandent à des
lecteurs confiants dans le subtil mélange de compétences et de goûts personnels qui distinguerait les librairies d’un quartier l’autre, d’une ville à l’autre, au point d’abandonner au Web
majoritaire les livres indisponibles dans leurs rayons, le temps d’imaginer de nouvelles coopérations, renonçant de ce fait à couvrir leurs tables de nouveautés incessamment renouvelées de
semaine en semaine – ainsi ce rêve ne serait plus réalité ? se dit le petit éditeur libraire cabaretier fignolant son projet
tout
essoufflé
.

 

Lu dans une enquête excellente, Être libraire, aux Éditions Lieux Dits (2011),
menée par Frédérique Leblanc :

« L’essentiel du temps de travail d’un libraire est consacré à la manutention » (p. 63) ; et sous le titre prometteur « S’engager et affirmer
ses choix » : « Libraire “indépendant” veut tout dire sauf “libraire libre de ses choix” car l’action du libraire est encadrée, en amont par le marché de l’édition et en aval par
les attentes de la clientèle, sans parler de la concurrence » (p. 108).

 

La librairie a de beaux jours devant elle (car 🙂 les vocations de manutentionnaires encadrés ne fléchissent pas.