539.

Les livres seront un jour écrits par des gens qui n’auront rien lu ou peu, lu autrement aussi, la foule étonnante des écrans plasma. Le témoignage mettra la main
sur la littérature, l’immédiat sur la culture. Le déroulé du fil défera la trame. Texture sans texte… Texte sans texture ?… (Je m’y perds.)


– Oh ! Et puis, chacun fera ce qu’il pourra.

2 Replies to “539.”

  1. Le Golvan dit :

    contrepied :

    Oui, j’écris ! Comme tout un chacun, comme ces légions de frustrés qu’on a trop bien formés ! Une
    nation d’écrivains ; l’horreur laïque ! C’est ce à quoi ont abouti les décennies d’acharnement républicain, à leur faire passer le doigt sur les lignes de tous les livres et à leur
    mater la plume au rouge, du haut en bas de la copie quadrillée. Et qu’en ont-ils fait, ces singes outrés ? N’auraient-ils pas pu se taire ou bien vivre ou devenir curés ? Non, ils ont
    tous voulu devenir Diderot, Baudelaire, Borges ! Tous écrivains, en masse et systématiquement ! A en épuiser les éditeurs les plus solides, avec leurs enveloppes kraft à renforts -des
    containers !- à en assurer pour La Poste une rente confortable, un second souffle, à s’en faire des ateliers, des agrégats de nuisance, des concours ! Tout un peuple hypertrophié dont
    l’ambition ultime est de dégueuler sa cervelle en format 150 pages ! Une bouillie nationale qui a trouvé dans le Net son écosystème. Et rien à dégager de lisible ou de sensé de ce magma
    verbeux. Ce monde a réellement changé d’échelle et certains gardent l’espoir naïf qu’on en trouvera l’instrument de lecture et de compréhension, comme un remède qui rendrait la vie plus
    simple.

    De mon côté, je garde le rêve d’un commando de pédagos sournois oeuvrant à contre courant, qui tiendrait les
    troupes par la bride et qui contrarierait ces jeunes pousses dans leur furie littéraire, pour les mener vers l’humilité et l’illettrisme des grands chamanes. Oui ; la résistance a
    commencé.

     

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