Critique

1182.

Non seulement nous ne parvenons pas à nous entendre sur les titres des quelques livres importants qui paraissent aujourd’hui (il y en a trois, pas un de plus), mais chacun d’entre nous défend des positions invraisemblables sur la fabrication du livre lui-même : untel imagine de supprimer le papier, tel autre de projeter le texte sur de petits écrans de poche, un troisième place sa survie dans l’exploitation d’ouvriers sous-payés, un quatrième s’invente des colles révolutionnaires, et voici que le tout-dernier veut envoyer directement le texte dans l’œil du lecteur.

– Tu sauras pourquoi tu clignes.

Incapables de nous accorder sur la forme d’un livre, nous prétendons malgré tout rendre compte de ce qu’il ne contient plus qu’à grand-peine et pour personne.

Nous avons cru au livre, et puis au texte. Nous voici maintenant occupés à gérer des flux.

Ceux / celles qui nous envoient leurs manuscrits sans avoir lu nos livres seront immédiatement pointés / pointées par nos tueurs à gages et traqués sans relâche et traquées sans relâche dans toutes les galaxies de (Tout) l’Univers. Toutes. Tout.

 

– Tu finiras dans le seau aux épluchures.

1181.

J’ai toujours préféré Balzac à Proust et Stendhal à Balzac et, de proche en proche, le silence à la littérature (Beckett, Blanchot, etc.).

 

Ces conneries sont d’un autre âge.Toute littérature est de bavardage. La pléthore
appelle le tri ; la redondance, le tir.

 

1164.

Donnons du son à la nature hi-han de la littérature ; à la lecture, sa dimension de Talmud Torride©.

Le pique-boeuf fait son show sur le dos du rhinocéros, le critique littéraire sur l’ablette farcie.