La petite marionnette

236.

Signe de vitalité, les allers-retours ont repris entre les libraires et le pilon. (L’éditeur est le prétexte qui alimente le circuit.)

David Marsac ne mangeait pas de ce pain-là. (Un petit bout rassis tout au plus.)

– Je déclare la naissance officielle de notre société de distribution, déclara le petit éditeur. («Traînée de poudre est néeen prévision des flux drainés par notre maison.»)

« Je dois m’efforcer de continuer ce monologue »,déclare Marlen Haushofer, dans un encart du dernier Matricule des Anges. (– Au fait, Éric, notre article ¿ )

Nada dans l’horizon du miroir.


234.

J’aimerais casser la coquille de sa boîte crânienne pour y prélever la perle de son esprit.

Il vendait si peu de livres que son éditeur dut se résoudre à anticiper sa gloire posthume, et passa l’auteur au pilon.

(Il avait parfois l’impression que sa petite marionnette tirait elle-même les ficelles de David Marsac.)

 

 

230.

Mon véritable génie est d’avoir inventer David Marsac, se dit Balzac. Dans un moment de distraction. 

– Mon intérêt pour tes écrits est compréhensible. Mais pourquoi t’acharnes-tu à me lire ? (Cette manie de gratter sa tique.) 

 

Children’s corner

Dans la narine, oui
Dans la prise, non
De la morve, oui
À la morgue, non

Adults cornered

Ta morgue me pend au nez
Comme ma morve à ta narine.

– Au fond, je suis un balzacien de surface.
Et il passa l’éponge sur son double au miroir.

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Pendant ce temps, dans l’écran omniscient de sa console rétinienne, le chercheur David Martien s’efforçait de recomposer le réseau hypertextuel complexe qui organisait l’intertextualité de cette curieuse correspondance d’un genre inédit dont il venait d’indexer les faisceaux-lumière émis du troisième millénaire vers le vortex infini des espaces-temps désormais éternels.

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[Le goût de mes contemporains pour la science-fiction me laisse sans voix mais non sans ressources.]