L’âme aux longues oreilles

1312. Une vraie plaie

– Ne remuez pas le couteau dans la plaine. Prenez plutôt le vide à pleines dents.

Le calembour est moins épuisant que le spectacle des Trois sœurs vu hier au Mans, malgré le sympathique Jean-Yves Ruf. C’est Tchekhov qu’il faudrait changer. À qui parle le texte ? De quoi ? Cette pièce rend la vie immédiatement préférable à la délicatesse supposée de sa représentation.

Les personnages (et leurs doubles sur scène) Vassili Vassilievitch, capitaine fantasque, et Féraponte, vieux serviteur sourd, ont pourtant trouvé en moi des résonances, le temps de leurs passages, quelques secondes ici et là. L’idiotie du temps qui passe, et son chichi existentiel sur scène, pèse et vaut moins que le calembour et la comédie à l’emporte-pièce. À l’entracte, j’ai filé. Les actrices qui jouaient les trois pleines étaient pourtant bien belles.

(Il m’a fallu trente ans pour aimer Kafka. Me reste-t-il assez de temps pour aimer Tchekhov ?)

1247. Ainsi parlait Judas

Il est bon de suivre sa tête – en poussant devant, en courant derrière.

Ainsi le monde est un village dans lequel broutent et paissent d’héroïques bénévoles.

Et dire qu’il me trahit pour 30 kleenex ! Je me range aujourd’hui à l’opinion commune : traduire, c’est trahir.

Sinon.

La librairie Charybde, par la voix d’Hugues Robert il me semble, nous fait l’honneur d’un article excellemment fouillé sur les Vingt sonnets que Brodsky consacre à Marie Stuart. Le ton est juste, l’intelligence précise, l’accolade généreuse : notre tête roule d’enthousiasme.

 


1236. Tonnerre !

Je lui accorde tout en tant qu’âne, rien en tant qu’auteur.