Dachau Arbamafra

580.

    Se chercher un père a toujours constitué pour les héros classiques une affaire plus douloureuse que de reconnaître le ventre maternel. Sans doute
parce qu’il faut accepter le ridicule des possibles dans cette portion mineure qu’ont les hommes dans l’enfantement. Les danses nuptiales, les chants de séduction, les parades amoureuses,
les tours de force, les coups de dent, les bassesses, les râteaux, les loupés, les éjaculations précoces, les dépenses, les vestes mal taillées, les concours de culturisme, les marathons, dès
qu’il est question de procréation, les hommes ordinaires traînent toujours leur folklore d’humiliation. Retrouver un père, c’est visionner ces bouts d’essais foireux et s’enfoncer dans le réel.
Dieu merci, j’ai été conçu à l’antique, sans transaction, avec la brutalité des certitudes. Le coup de rein paternel se réduit à rien, l’hérédité est remise à zéro, le calendrier itou, pas de
repas de famille, que du neuf à venir, que du rien si on ne se bouge pas un peu. Je mouline donc.

 

Dachau Arbamafra, Le Golvan (à paraître en mars 2012)

563.

Qu’on ne me dise pas qu’en fait de progression, je m’enfonce toujours un peu plus. Malgré la lourdeur des apparences, il se construit en moi et autour de moi un
être hybride, inscrit dans son décor, un héros tendu comme un projectile. Attendez un peu que ça parte. Laissez-moi donc le temps de l’assemblage, de tirer du capharnaüm ambiant les pièces
composites de mon destin. Je suis condamné à un certain bricolage, à un preux tâtonnement. Il y a si longtemps qu’on ne prophétise plus en ce monde que c’est à peine si on sait encore faire. La
mémoire des hommes elle-même peine à retrouver les gestes, les rites préparatoires sont hésitants. Madame Fleury, Marie-Christine, les nuisibles qui auront compliqué ma tâche, chacun aura pris sa
part d’initiation. Il en va comme d’une circoncision, le geste ne se hâte pas, il se laisse précéder de tout un tas d’agacements compliqués parce que nous revoici face à l’imbécillité binaire
d’un choix, une pauvre paire de possibles. Ou tu libères un juif du prépuce des humanoïdes réfrénés à tous les étages ou tu châtres un malheureux et tu en fais un agnostique teigneux.

 

Le Golvan, Dachau Arbamafra, Les doigts dans la prose (à paraître en mars 2012)

576.

Le voici sur les rails, ce quatrième ouvrage tant attendu : Dachau Arbamafra, de Le Golvan. Nous préparons en ce moment pour l’impression ce texte d’une rare intensité, d’un écrivain au style nerveux, à l’humour sombre et grinçant, au regard précis comme l’enclume dans la main du forgeron.

Dachau Arbamafra est un Quichotte de la mémoire, dont nous vous donnerons de loin en loin, au fil de nos préparatifs, des nouvelles, des extraits + informations complémentaires.

Sachez, dans l’immédiat, que nous sommes très heureux de poursuivre notre travail de découverte, d’autant plus amusant qu’il est déraisonnable.