Ô Écrivain

98.

J’observe de loin l’énergie que tu mets à prendre à contresens mes facéties, un pied dans le bidet, l’autre sur la corde à linge – et je t’applaudis.

 

Tu me tends ta bouche et la mienne aussitôt se presse contre ta moue avide.

 

Je te tiens par la barbichette – tu vois – et c’est assez pour te faire rire.

 

– Arrête de fouiller mes prunelles, trancha David Marsac à l’intention de cet artiste qui, chaque matin, tirait de son miroir les mêmes idioties.

 

Ô Écrivain.

50.

J’aime beaucoup entendre les écrivains pétris de vieille rhétorique évoquer avec insistance la modestie de leurs écrits avant de s’effacer pudiquement derrière l’humble personne à laquelle la radio consacre une émission à l’heure d’écoute des fins lettrés.

(P.B. n’est pas l’un des moindres d’entre eux.)

 

La modestie, c’est bon pour les riches.

 

– L’humilité me fait chier ! hurlait David Marsac.

18. Classement littéraire

Si j’invitais (le métier d’éditeur a ses désoeuvrements) dix lecteurs passionnés à s’accorder sur le plus grand des écrivains français contemporains, deux vies longues et heureuses ne suffiraient pas pour me faire pardonner d’en avoir eu l’idée (cris et yeux crevés).

Il me semble pourtant que les risques diminuent fortement dès lors qu’on s’intéresse aux neuf ou vingt ou trente suivants.

Le pugiliste en nous s’épuise dès le second.

Des noms ?